Aah la réaction des gens quand tu leur dis que tu travaille dans les pompes funèbres !

Il y a d’abord le petit mouvement de recul inconscient, la bouche qui se tord imperceptiblement et le regard un peu effrayé, dès fois un peu dégoûté, mais curieux. Et quand ils arrivent enfin, après quelques secondes de flottement, à articuler une phrase, c’est toujours la même : « Mais tu es croque mort ??! ».

 

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Et là je me contentais de sourire.

N’osant, dans un premier temps, en demander plus, la conversation déviait sur d’autres sujets; mais à un moment ou un autre la tentation était trop forte : « Mais tu enterres les morts ? Tu les habilles ? Tu les maquilles ? Tu les … « .

A moi alors de leur expliquer le fonctionnement de « La Maison ».

Les croques morts, ça n’existe plus. C’était bon à l’époque où il fallait « croquer » (retourner) l’orteil des morts pour vérifier s’ils avaient bien rendus l’âme  (d’ailleurs fait moi penser à te donner l’origine du terme « Pompes Funèbres »); maintenant, on à quand même des moyens plus sophistiqués.

Je vais casser un mythe (encore populaire), mais maintenant dans les pompes funèbres il y a :

– des directeurs d’agence/de secteurs;
– des conseillers funéraires ou commerciaux, qui s’occupent d’organiser les obsèques et de vendre des prestations;
– des fossoyeurs, qui ouvrent les caveaux et descendent les cercueils;
– les thanatopracteurs, qui préparent les corps (si la famille le souhaite);
– les maitres de cérémonies qui mènent les obsèques  le jour J

et des hôtesses, des marbriers etc, etc , etc …

Tu l’as bien compris, la mort c’est maintenant une entreprise comme une autre; et même s’il existe encore des petites « agences familiales », la majorités des PF actuelles (et même si elles n’en ont pas l’air) appartiennent à de grands groupes qui ne pensent qu’aux chiffres. Difficile de faire un métier (et de rester) humain quand derrière on te harcèle pour que tu atteignes tes objectifs.

Ça surprend quand tu débarques dans le milieu.

Il faut dire que je suis arrivées là dedans totalement par hasard et pas vraiment pas vocation. J’étais au chômage depuis un moment, quand un directeur, que j’avais rencontré lors du décès de mon père, m’a contacté.

Au début, dès que je voyais une famille passer, je pleurais presque avec elle. Et puis le temps passe, et cela devient un métier comme un autre … la compassion est encore là, mais on se blinde.

Des histoires tragiques j’en ai entendu un paquet. Des touristes morts pendant leurs vacances, des jeunes parents tout droit sortis de la maternités qui viennent organiser les obsèques de leur bébé, des accidents tragiques causés par des tiers … et des familles brisées. Je connais tellement cette sensation.

Et puis il y a les autres. Ceux qui ne pleurent pas, qui sont pressés d’en finir, ceux que ça fait clairement chier. Ceux qui ne veulent pas dépenser un centime pour le défunt et le faire passer en indigent (à la fosse commune); ceux qui se déchirent déjà pour l’argent, pour le testament … ceux qui ne se parlent plus et qui demandent de dire à machin (qui est sur le fauteuil voisin) qu’il ne veulent pas de cette plaque. Et les mécontents, qui renversent tout et deviennent violents.

J’ai vu quelques morts aussi. Des personnes anonymes qui attendent d’être préparées pour leur dernier voyage. Drôle de métier que celui là, mais tellement important pour que les familles puissent faire leur deuil et leur dire un dernier au revoir.

En quatre ans j’en aurais appris pas mal sur la nature humaine.

Mais qu’est-ce que je faisais moi là dedans ? Et bien j’étais comptable :p un peu à la direction, un peu à l’athanée, un peu dans les agences. On m’a proposé plusieurs fois de devenir conseillé, mais ce n’est pas fait pour moi. La pression, les horaires, les astreintes, le salaire, c’est un chose, mais le côté humain très peu pour moi … passif trop lourd et trop d’empathie.

Ça ne l’aurait pas faire pour les familles de voir quelqu’un pleurer plus qu’elles.

Alors, tu voyais ça comme ça les Pompes Funèbres ?

 

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dès fois, on en est pas loin …

PS: L’origine du terme Pompes Funèbres

Cette fonction de croque-mort, qui était en fait une vraie charge (comme les bourreaux), se transmettait de père en fils depuis la nuit des temps. Or il arriva une 1ère catastrophe : le dernier croque-mort, bien qu’ayant eu de nombreux enfants, n’eut aucun garçon; sa fille aînée reprit donc sa charge.

La première victime qu’elle eut à traiter avait une grave maladie, qu’il avait conduite a être amputée des 2 pieds… Pire encore, la gangrène l’avait en partie gagnée et on lui avait coupée les 2 jambes jusqu’à hauteur des cuisses… La jeune fille examina la situation… et mordit donc avec précaution le premier membre inférieur qu’elle put trouver…

Ce fut à cette époque et dans ces circonstances, très précisément,
qu’on passa de l’expression  » croque-mort  » à …  » pompe funèbre ».

Mouahahah, pardon. C’est une blague hein …