Juste un doigt, merci !
Vous ne voulez pas un whisky d’abord ?

Ne me demandez pas pourquoi, c’est la première chose qui m’est venue à l’esprit quand j’ai vu l’info passer sur Twitter.

touchers vaginaux sous anesthésie

Mais je n’ai pas ricané longtemps quand j’ai lu le contenu du document.

En résumé, dans ce document de la faculté de médecine de Lyon, nous apprenons que des étudiants en médecine (sous la direction de leurs supérieurs), dans les CHU, pratiquent des toucher vaginaux sur des patientes se trouvant sous anesthésie générale.

extrait document faculté de Lyon touchers vaginaux sur patientes endormies

Patientes qui n’ont, en aucun cas, donné leur consentement. Pire encore, ces actes ne seraient même pas forcément en rapport avec l’opération en cours ou indispensable à l’établissement ou vérification d’un diagnostic.

Viol, Abus , les mots étaient prononcés.

Suite à ces révélations et partages (réseaux sociaux et articles), les réactions des médecins et étudiants ont été diverses et variées. Mettons de côté ceux qui n’étaient pas au courant, ceux qui n’ont pas eu à subir cette méthode de formation et qui sont aussi choqués que nous.

Il y a aussi ceux qui ont pratiqué parce qu’ils n’ont pas osé aller à l’encontre des ordres de leurs supérieurs, de peur de se faire saquer. Et qui sont, à mon sens, aussi victimes que les patients.

Non, parlons des autres. Ils ont d’abord niés, se sont indignés, puis les langues se sont déliées.

Lu sur Twitter :

« Il faut bien qu’on apprenne » 
« Ce n’est pas un viol puisqu’il n’y a pas de notion plaisir »

Lu sur un blog France TV info :

« En plus, pour celles qui fantasmeraient sur les médecins pervers en pensant qu’on fait la queue leu leu pour leur faire un toucher vaginal, sachez que le bloc opératoire n’est pas un endroit intime. »

Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français déclare, à la question « Ne serait-il pas normal de leur demander leur consentement ? », dans une interview donnée à L’obs :

« C’est aller trop loin dans la pudibonderie ! Après 40 ans d’expérience, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire signer un papier avant cet examen. Le corps médical est très respectueux des patients. »

Pudibonderie, fantasmes de bonnes femmes, sexe qui ne nous appartiendrait plus dès qu’on rendre dans un service de gynécologie; voilà une partie des horreur que j’ai lu/entendu ces dernières semaines.

Messieurs, je ne vous sent, pour la plupart pas concernés ; sachez pourtant qu’il en va de même pour les touchés rectaux. Voilà, tu peux relire plus attentivement depuis le début.

Bref, des paroles et des actes tout aussi choquants les uns que les autres ! Quid de l’éthique ? du respect du patient et de sa dignité ?

Mais est-ce étonnant ?

J’ai été choquée, mais pas forcément étonnée. Je pense que ceux qui ont fait des séjours prolongés dans des hôpitaux ou des cliniques savent de quoi je parle.

Comme je le répète depuis ma première longue hospitalisation :  » Quand tu rentres là dedans, il vaut mieux mettre ta dignité et ton amour propre au placard ».

Médecins et personnel soignant qui défilent, pudeur non ou peu respectée (quand c’est possible)  … pas toujours de présentation, d’explication des actes médicaux accomplis et à venir, pas toujours d’explication des symptômes et de la maladie. Cette impression de subir à chaque instant …

Je me souviens de l’infirmière qui entre et laisse la porte ouverte alors qu’on me fait un toucher vaginal (avec mon consentement), sur mon lit, dans ma chambre, pas si loin du couloir bondé.

Des deux ou trois touchers vaginaux lors de mon accouchement, alors que j’attendais pour une césarienne. J’avais perdu les eaux il y a moins d’une heure, n’avais quasi pas de contractions, était-ce indispensable ? Je ne le saurais jamais.

N’en déplaise à ces messieurs dames, je ne suis pas qu’un morceau de viande et mon vagin n’est pas en accès libre. 

Aller chez le médecin ce n’est pas un plaisir, chez le gynéco encore moins … alors à l’hôpital ! Aucune femme (enfin pas la majorité en tout cas) ne dit à ses copines  » Demain à 11h30 je vais me faire tripoter, je suis trop excitée » .

On supporte de se faire introduire des instruments, d’être examinés à ces endroits là généralement à contrecoeur, homme ou femme. On le supporte parce que c’est généralement pour « notre bien », parce qu’il y a quelque chose à trouver et/ou à vérifier.

Alors savoir que certains profitent de notre endormissement pour effectuer des « toucher », oui, j’ai tendance à assimiler ça à un viol.

Si on se permettait de toucher à des endroits de mon corps sans aucune raison médicale valable, d’y introduire des « choses » à mon insu,  peu importe que cela soit dans un milieu médical, sous prétexte de formation, non intimiste, entourée de plusieurs personnes, je me sentirais souillée et mal … très mal.

Mais bon, le but est que le patient ne le sache jamais ! D’ailleurs c’est bien ça qui les a gêné, que çela s’apprenne ; pas de l’avoir fait.

Alors est-ce le syndrome du « docteur demi-dieu tout puissant » qui fait que certains ne se rendent même plus compte de la gravité et de l’anormalité de ces pratiques ? Va savoir.

Heureusement, ils ont été nombreux, dont la Ministre de la santé, à rappeler que tout acte médical et/ou chirurgical ne peut-être effectué sans l’accord éclairé du patient. 

Alors espérons que ces pratiques ne seront bientôt plus que de l’histoire ancienne, et non pas toujours réalisées dans le plus grand des secrets, en espérant qu’il n’y ai plus de « fuites ».

Pour en savoir plus, je vous met les liens de différents articles (dont deux cités plus haut) ; mais avant toute chose celui de la Pétition « Non aux touchers vaginaux non consentis ».

– Le consentement, point aveugle de la formation des médecins
– Toucher vaginal sur patientes endormies : un non-respect scandaleux des droits des malades !
– TRIBUNE : Plus jamais de toucher vaginal sur patientes endormies sans consentement préalable
– Consentement ?
– Quand le toucher fait mal
– “On est passés à la chaîne, chacun l’un après l’autre, pour lui faire un toucher rectal”
– Touchers vaginaux sur patientes endormies : « C’est de la médecine, on n’est pas dans un fantasme de viol ! »
– Le toucher vaginal au bloc sans consentement préalable est un viol
– Le toucher vaginal sur patientes anesthésiées — Témoignages des madmoiZelles en médecine
– Touchers vaginaux sur patientes endormies : une pratique qui vous « révolte »

Et plus de réactions sur twitter avec le #TVsousAG