Le 1er accouchement est celui que l’on attend avec impatience, que l’on redoute aussi car on ne sait jamais comment cela va se passer et puis quand ça arrive et bien … tout se précipite…

C’était le vendredi 2 novembre, j’avais passé l’après-midi chez mes beaux-parents et BB n’avait pas cessé de gigoter toute la journée sans interruption !

Rentrés à la maison vers 22h, je me suis couchée, et c’est vers 2 ou 3 h du matin que l’humidité dans laquelle je me trouvais m’a réveillée. Croyant m’être « oubliée » je me suis levée en vitesse et là j’ai cru qu’on avait ouvert un robinet tellement ça coulait ! j’ai compris que j’avais perdu les eaux et ai réveillé mon mari.

Evidemment la valise n’était pas prête, je n’étais pas encore arrivée à terme (8 mois) ! 


Tremblante de la tête aux pieds, je me suis habillée tant bien que mal, emportant avec moi le strict nécessaire, et des serviettes éponges ! je ne pensais pas qu’il y avait autant d’eau dans la poche !
Le papa était d’un calme olympien.

Crédit : Claudio Arnese

Arrivés à la clinique (heureusement la chambre était réservée) on m’a auscultée et on a conclu que j’avais perdu les eaux ! non vraiment ? je m’en étais pas rendu compte !

On m’a donc gardée et conduite dans une chambre seule, la sage femme m’a dit qu’il ne fallait pas que je me lève, car quand on a perdu les eaux le cordon risque de s’enrouler autour du cou du BB.

Le col n’était pas ouvert et j’avais à ce moment là aucune contraction. J’ai donc envoyé le papa chercher le reste des affaires et ai dormi toute la nuit n’osant même pas me retourner de peur que le cordon s’enroule !

Samedi 3 novembre 

Je passe la journée à la clinique, aucune douleur encore.

Dimanche 4 novembre 

Je me réveille, la matinée se passe et je commence à ressentir quelques contractions. Le col commençait à s’ouvrir. Je ne pouvais toujours pas me lever bien sur et les douleurs dans les reins se faisaient sentir de plus en plus fortes au fil de la journée.

N’étant pas d’un naturel expansif je souffrais en silence. Ma mère qui était là me massait le dos, et le remplaçant de mon gynéco (oui le mien était en week-end prolongé) a juste passé la tête dans l’embrasure de la porte pour voir comment j’allais.

Me voyant faire des mots croisés (pour oublier un peu la douleur) il en a conclu que ce n’était pas encore le moment. Pourtant le col était bien dilaté et il fallait attendre encore quelques heures me disait la sage femme, car c’était mon 1er BB et donc forcément plus long. 

 La dilatation étant bien avancée ( je commençais à ressentir l’envie de pousser ) il était aux environs de 19 h une infirmière arrive et me fait une toute petite piqûre dans le ventre, en me disant que c’était pour avoir moins mal et que ça allait m’aider à dormir ! Le pire c’est que J’avais rien demandé, tout ce que je voulais c’était accoucher !
 
En effet, cela devait être une dose de cheval car cinq minutes après je dormais et me suis réveillée le lendemain sans plus aucune contraction ! (En fait, j’ai su plus tard que pour ne pas déranger mon gynéco en week-end, ni son remplaçant qui n’en avait rien à foutre de moi ces connasses avaient décidé de retarder l’accouchement au risque de me faire perdre mon BB !)

Lundi 5 novembre. 

Mon gynéco est revenu de w-end. Il arrive vers 10h le matin et demande qu’on me mette sous perfusion pour accélérer l’accouchement ! Eh oui me dit-il « maintenant ça fait 48 heures que vous avez perdu les eaux il y a des risques pour le BB«  – Il était temps d’y penser !

Me voilà donc sous monitoring et sous perfusion. Le col recommence donc à se dilater, les douleurs reviennent et je suis surveillée par deux sage-femmes comme l’huile sur le feu ! (je pense qu’elles étaient dans leurs petits souliers car elles avaient commis une faute professionnelle ).

 L’une d’elles remarque alors que lorsque j’ai une forte contraction le cœur du BB bas très lentement et qu’il y a souffrance fœtale ! (Tu m’étonnes : le col s’ouvre, le bb commence à pousser et tout d’un coup plus rien, le col se referme ! )

Alors là panique à bord ! Le docteur décide qu’il faut me faire une césarienne d’urgence car la vie du bb en dépend ! Les enfoirés ! J’aurais pu accoucher normalement si les sages femmes avaient fait leur boulot et le remplaçant aussi !

Je vous dis pas l’état du papa !

Je me retrouve donc dans la salle d’accouchement, faisant des bonds sur la table tellement je tremblais de la tête aux pieds, là on me met un masque sur la figure et puis plus rien….

Je me retrouve quelques heures plus tard dans ma chambre, J’entends des voix qui m’appellent, et je suis persuadée que le BB n’a pas survécu et je m’entends dire : « elle est morte ! elle est morte ».

Après plusieurs minutes je commence à y voir mieux (je voyais double) et mon mari me dit que c’est une petite fille de 2k500 , que tout va bien et qu’elle a été emmenée à l’hôpital pour enfants pour être en couveuse.

Déception, je n’ai même pas vu mon BB ! et je pourrais pas la voir avant 10 jours ! (sauf en photo que le papa avait pris) car comble de malheur, 48 h après la césarienne j’ai 40° de fièvre et on me dit que c’est à cause de la montée de lait ! 

Crédit : Tim Hale

Après avoir grelotté pendant deux jours, le docteur pense enfin à regarder ma cicatrice et là il s’aperçoit que c’est un point de suture qui s’est infecté ! (le matériel devait être vachement bien stérilisé !)

 Moi qui pensais allaiter mon BB à distance ( j’avais demandé une tireuse de lait pour recueillir le colostrum, mon mari devait l’emmener à l’hôpital Lenval pour le donner au BB.) et bien même ça je n’ai pas pu le faire !) J’étais doublement frustrée !

Je suis sortie au bout de 10 jours de la clinique, en tenant le ventre, car j’avais encore très mal. Mon mari m’a emmenée voir notre petite fille, et là je l’ai reconnue parmi entre tous ! En fait on aurait dit son père en miniature !

 Quand l’infirmière me l’a mise dans les bras, et quand j’ai commencé à lui parler, elle s’est tournée vers moi comme si elle reconnaissait ma voix, mais avec un air étonné comme si elle pensait : « ben ! t’étais où tout ce temps  ?« .

Tous les jours on allait la voir pour lui donner au moins un biberon et lui prendre son bain et au bout d’un mois on a enfin pu la ramener chez nous ! 

Voilà , ce n’étais pas l’accouchement que j’avais espéré, mais le principal c’est qu’elle soit là !

Et si je vous dis que c’est un moment inoubliable c’est parce que ça c’est passé un LUNDI 5 NOVEMBRE 1979 et que mon BB a maintenant 32 ans !