Si vous avez suivi mes péripéties, vous savez que j’ai fait du diabète gestationnel et que pour la peine on m’avait programmé une césarienne pour le 15 novembre. Je reviendrai la dessus dans la part 2 ; pour le moment voilà comment tout cela s’est passé …. *attention, c’est long*

Samedi 6 novembre 2010

Ça y est, c’est le grand jour ! Mamie vient m’aider à finir ta chambre et je vais pouvoir préparer ma valise pour la maternité.

Je décide faire une grasse matinée, de trainer un peu dans le lit … je caresse mon ventre et tu viens taper sur ma main ; c’est notre rituel du matin. Ipod sur les oreilles, j’essaye de somnoler mais je n’y arrive pas : je n’arrête pas de penser à ton arrivée, à la valise à préparer, à tout ce que ça va changer. J’ai hâte et j’ai peur en même temps, dans 1 semaine je serais à la maternité et nous ferons ta connaissance … est-ce que tu seras en bonne santé ? Vais-je t’aimer dès le premier regard ? A qui ressembleras-tu ? Et cet « accouchement », va-t-il bien se passer ? Que de questions ! (j’espère que pour ça, tu ne tiendras pas de moi)

Bon, je cogite trop ! C’est mort pour la grasse matinée … de toute façon ta mamie va bientôt arriver, je file donc sous la douche (enfin je roule jusqu’à la douche). Hier soir j’ai eu une perte plus liquide et plus abondante que d’habitude , je surveille donc, mais rien de nouveau… encore un truc top glamour de la grossesse.

Je sors tant bien que mal de la baignoire, tu es toujours bas et mon ventre plus énorme que jamais … Mamie sonne, je m’habille en vitesse et fonce vers la porte (à la vitesse d’un culbuto sous ecstasy) ; et là c’est le drame ! Un liquide chaud me coule le long de la jambe : Mon dieu ! je perds les eaux !

Je cherche les clés de la porte dans mon sac en lançant des mots que je dois censurer, car tu n’auras pas le droit de les prononcer avant un moment. J’ouvre enfin la porte à une Mamie souriante, un poulet rôti dans une main et une baguette dans l’autre.
Je lui fait la bise, zen ..

« Tiens, ben tu arrives au bon moment !! »
Petit moment d’incompréhension de ta grand-mère …
« Oui, je suis en train de perdre les eaux ! »
Le sourire s’évanouit …. «Nooooon, Mais tu es sure ! »
« Ah oui, là franchement, j’en ai partout » dis-je en lui montrant mon pantalon.

Bon, ben il faut aller à la maternité ! Encore faut-il être prêt.

J’appelle ton papa en essayant de rester calme, il est 11h20 et il est encore au travail. Pour une fois il répond tout de suite :

« Ca va ? »
« Euh oui et toi ? »
« Ben, il va falloir que tu rentres … »
« ???? »
« Je viens de perdre les eaux … et …
« J’arrive ! » bip bip bip
Bon ok …

Je refile donc sous la douche en râlant ; il faut que je me rase … et puis je n’aurais pas le temps de me faire le brushing, ni les ongles ! Tant pis, je ressemblerai à rien !

Je fini donc ce que j’ai à faire ; entre temps ton papa arrive. Je sors de la douche et me protège comme je peux, ça n’arrête pas de couler (ca ne s’arrête jamais ce truc en fait). Maintenant il faut faire la valise … quand je pense que ca fait des semaines que je parle de la faire !! Je file chercher la liste de la maternité et on s’y met.

Mamie à très chaud, Papa fait semblant d’être zen, et moi je ne sais pas comment m’habiller. On me fait comprendre que ce n’est pas trop le moment (Mamie qui à de plus en plus chaud) et qu’il va quand même falloir se décider à y aller. Je jette un dernier coup d’œil dans les sacs, on rassemble les papiers, ça y est, on va y aller. Je regarde la maison, fait une bise aux chats et je me dis que quand on reviendra, on sera trois. Je suis zen, excitée et effrayée en même temps (oui ça fait beaucoup) … mais pas trop le temps d’y penser, je perds toujours les eaux et je commence à avoir mal au ventre!

Pendant le trajet, je cogite à mort (comme d’habitude) et je n’arrive toujours pas à réaliser qu’on va bientôt te rencontrer, que c’est le grand jour, qu’on va avoir notre bébé.

Arrivée à la maternité vers midi et demi, on se présente aux salles de naissance (on dirait que je pars en voyage avec mes sacs) où on est accueillis par une gentille sage femme à l’accent anglais. On me place rapidement sous monitoring, tu vas bien. Examen du col, prise de sang (loupée et recommencée plusieurs fois et par plusieurs personnes !), on me pose une perfusion … il n’y a plus qu’à attendre.

Entre temps papa à fait deux aller/retours à la maison : une parce que j’avais oublié mon portefeuille avec des papiers important, et l’autre parce que je n’avais pas pris mon insuline. J’ai aussi reçu la visite de l’anesthésiste et de l’obstétricien qui va m’accoucher. Le miens n’est pas de garde, mais lui il a un nom qui me fait marrer et une bonne tête. Et puis ce n’est pas la psychopathe dont on m’a parlé, donc rien que pour ça, je suis rassurée (je serais pas obligé de serrer les fesses en tapant un scandale pour demander un autre gynéco). Ça devrait bien se passer ….

Il est environ 15 heures, papa et mamie sont avec moi dans la salle de monitoring ; on essaye de joindre ta tata pour la prévenir mais elle est sur répondeur. La sage femme vient me dire qu’on m’a trouvé une chambre (c’est plutôt pas mal) et que je devrais entrer au bloc pour 17heures/17heures30. Ça y est, ça se précise !

Je suis toujours allongée, j’ai quelques contractions pas très agréables et j’essaye de rester zen. Avec papa et mamie on discute de tout et de rien pour faire passer le temps ; tata est toujours injoignable (pour changer). 

On vient enfin me chercher pour monter dans la chambre ; il faut donc que je me rhabille.On me donne des « garnitures » pour ne pas que j’en mette partout (ben oui ça coule encore) ; papa est avec moi pour m’aider à m’habiller : une chose est sure, quand on lui parlera de garniture (de pizza par exemple) il ne les verra plus de la même façon ; par contre je crois que moi j’en rigolerais encore.

Me voilà dans ma chambre :chouette elle est double !! Et je suis du côté de la porte :@
Pas le temps d’y penser pour le moment ; je prends (comme je peux) ma douche à la bétadine, j’enfile la super tenue de la clinique (pas facile avec la perf’) et je retourne attendre dans la chambre (en essayant de garder un minimum de dignité). La sage femme bizarre de l’étage me demande d’enlever mes lentilles … je lui dis que j’aimerais quand même voir à quoi tu ressembles ! Si près du but, après 8 mois d’attente, c’est la moindre des choses. On m’autorise donc à garder mes lunettes … décidément je ressemble vraiment à rien !

17heures et des poussières, ils entrent avec le brancard. Je respire un grand coup, ça y est, c’est le grand moment. J’essaye aussi de ne pas pleurer, j’ai un peu peur (bon ok , très peur). Ton papa ne sera pas avec moi, il sera dans une salle à côté pour t’accueillir. Il attrape le sac pour la salle de naissance et nous descendons (ou pas, je sais plus). Un dernier bisou et on se sépare.

Allongée sur le brancard, j’attends qu’ils préparent le bloc. Ils sont tous très gentil et je suis détendue … parce que le calmant fait effet (oui faut pas rêver). On m’installe sur la table, l’anesthésiste arrive, elle va me poser la rachi. Je m’assoie et essaye de faire le dos rond (pas facile parce que tu prends beaucoup de place) ; elle doit s’y reprendre à plusieurs fois mais je suis imperturbable et surtout pas à une piqure près !

Ca y est, ca fait effet ! C’est le top ce truc ! ca fait des fourmis partout, je n’ai plus froid et surtout je ne sens plus rien (bye bye les contractions). Ils installent le champ opératoire, pile sous mon nez : effectivement je ne risque pas d’y voir grand-chose ! On me met en mode jésus, on m’injecte les produits qu’il faut dans la perfusion et ca y est, c’est parti !

Je me concentre sur ce qu’il se passe, l’anesthésiste crie : « ça y est , ca coupe ! » … euh merci madame. Ca se passe tranquillement, le gygy (ah ah ce nom) et l’infirmière discutent comme si je n’étais pas là. J’entends même qu’ils disent que j’ai du gras sur le bide …

« Hey je vous entends »
*silence*
Je leur propose donc de me faire une liposuccion tant que je suis là …. Ils ne veulent pas. Tant pis, j’aurais essayé.

Je décide de ne plus écouter ce qu’ils disent et de me concentrer sur ce que je ressens. On m’appuie sur le ventre, ca veut dire qu’ils sont en train de te sortir ! Ca y est mon bébé, je vais bientôt te voir ! Je trépigne (bon sans bouger parce que je ne peux pas), je guette tes pleurs. Ca y est, je t’entends ! Tu as pleuré tout de suite, je suis soulagée, j’en ai les larmes aux yeux. L’infirmière fait le tour du champ, tu es dans ses bras. Tu es tout petit, tu as pleins de cheveux … tu es né à 18h22.

Elle te met devant moi, tes petits yeux sont ouverts et on échange notre premier regard. Je t’aime mon bébé. Je sais qu’ils vont vite t’emmener, alors je te fais plein de bisous et je te parle. Dès que tu entends ma voix, tu cesse de pleurer …Tu es beau, en bonne santé, je suis tellement heureuse (et vivante !!) C’est donc sereine que je les regarde t’emmener dans la salle où tu vas rencontrer ton papa.

Pendant ce temps, atelier couture pour moi. On me présente l’infirmier qui va me surveiller pendant deux heures, on papote un peu … (ah mais au fait je suis à poil derrière le champ … dignité … zen). Il me dit qu’une salle est libre, on va pouvoir rester en famille.

On m’amène donc vous rejoindre, on t’installe sur moi en peau à peau et tu prends une première tétée. On est ému, on se regarde, on a les larmes aux yeux. Notre beau bébé est enfin là, on est parents, ça y est … une vraie famille.

Et pendant ce temps là, a Vera Cruz …

Ils ont réussi à joindre tata (qui s’est affolé parce que 15 appels en absence), qui était aux champignons (sans déconner …). D’après ce que j’ai compris, elle a choppé mari et fille, et s’est faite largué à la maternité vitesse grand V. Pendant que nous étions tous les trois en salle de réveil, elle et ta mamie ont eu peur de se faire mettre dehors par le vigile (et oui, 20heures passé) et se sont donc cachées dans la salle des familles. Pendant ce temps, nous, on était mort de rire. Du coup l’infirmier (mort de rire aussi) est descendu leur dire qu’il n’y avait pas de soucis pour qu’elles puissent rester … mais avant, pour les embêter il s’est fait passer pour le type de la sécurité.

Finalement, c’est dans la chambre qu’elles ont enfin fait ta connaissance. Et depuis, elle sont folles de toi.