Voilà une expression que j’aurais pu mettre dans ce billet. Combien de fois l’ai-je entendu lorsque j’étais nullipare ! Et comme elle m’a exaspérée !

Il n’y a rien de pire, quand tu n’as pas d’enfants, que de voir ses amis se transformer après être devenu parents. 

Adieu aux sorties du soir, à celles du matin, celles avant quinze heures; il faut parler doucement quand on dine chez eux, on est interrompu dix fois par le bébé qui pleure, on ne parle plus que de pipi/caca/ »tu sais pas la dernière qu’il nous a fait », on se tape les photos et les vidéos de tous ses exploits …

Les conversations téléphoniques sont continuellement interrompues, nos préoccupations ne sont plus les mêmes, nos centres d’intérêts non plus, on ne se comprend plus trop …

Et quand on a le malheur de poser des questions ou d’émettre un jugement sur leur façon de faire, la repartie fuse : « Tu verras quand tu auras des enfants ».

Je m’étais jurée de ne pas être comme tous ces parents « plan plan », que mes enfants s’adapteraient à mon rythme de vie et non l’inverse, que cela ne nous empêcherait pas de vivre notre vie de couple, de vivre ma vie de femme. A l’époque je me serais même idéalement vue mère célibataire, avec une carrière … certainement pas femme au foyer en tous les cas ; quelle horreur !

Une vision de la maternité et de la vie de couple « idéale » en somme ; et bien naïve encore une fois.

Et puis il est arrivé, pour de bon. Ce petit bébé que j’ai porté pendant neuf mois, et qui m’en avait déjà fait chier à ce moment là.

Ma vision de la grossesse en avait déjà pris un coup. Non je n’étais pas resplendissante ; je ne ressemblais pas à ces filles que l’on voit dans les films. J’étais malade, lourde et gonflée.

Vint ensuite le tour de ma vision de la maternité :

– Sortir ? « Non, dormir« .
– Parler fort ? « Si tu ne la mets pas en sourdine, je te pètes la gueule à coup de poivrière« .
– La soirée s’éternise ? « Bordel, mais quand est-ce qu’ils se barrent, j’ai sommeil »
– Faire du shopping ? « Oui, mais après sa sieste (et la mienne)« 
– Quoi de neuf ?  » Il a fait son premier caca dur, c’était trop mignon« 
– Tu reprends quand le travail ? « Oh ben il est tout petit là, on verra un peu plus tard« 
– Partir la journée ? « Non ça va tout me le chambouler … »

Et oui, je suis devenue chiante et plan plan.

En fait la maternité c’est comme ta première cuite, comme ta première fois, comme ta première césarienne ; tant que tu ne l’as pas fait, tu ne peux pas savoir ce que c’est. Tu as beau observer, t’imaginer, tirer des plans sur la comète, tu ne peux pas savoir.

Pourquoi ? parce que cela ne dépend pas que de toi. La caractère de ton gnome va faire toute la différence ; et ton envie de dormir et/ou d’avoir un peu de temps pour toi aussi.

Tu ne vas jamais vouloir risquer de voir son rythme de sommeil , si durement trouvé, être chamboulé. Quand il dort, tu ne respires plus, ne parle plus … tu as même appris à proférer les pires menaces seulement avec des gestes et des mimiques effrayantes.

Parce qu’un gnome, quand tu le sors de ses habitudes, il te le fait payer au centuple. Il a l’air tout petit, tout fragile comme ça … mais en fait, c’est une vraie teigne.

Et puis y a l’amour. L’amour que tu vas éprouver pour cette chose, tant que tu ne l’as pas vécu, tu ne peux pas savoir non plus.

Tu l’aimes à un point tel, que tu vas « te sacrifier » pour lui. Tu vas vivre plus ou moins à son rythme, tu vas tout faire pour sont bien être et son bonheur; tu vas t’oublier pour le faire passer au premier plan.

Et ça j’avoue que, quand on est nullipare, on a du mal à le concevoir. Et c’est normal.

Ça me manque des fois cette vie, de ne vivre que pour moi … ou que pour nous. Mais pas longtemps ; parce que je trouve que mon BN c’est quand même un sacré bonheur.


Enfin bref petite nullipare, tu l’as bien compris … Tu peux nous trouver chiantes, gnan gnan, plan plan, dépassées, fatiguées et fatigantes : tu verras toi, quand tu auras des enfants !