Maintenant que je t’ai raconté mon accouchement, ma césarienne, ben je vais te raconter mon séjour à la maternité; et c’est pas triste.

 genre tu souris comme ça

Après avoir passé deux heures en salle de réveil avec Monsieur B. et Mini BN, on me remonte dans ma chambre qui, je te le rappelle, est double (car il n’y a pas de chambre simple de libre). Une jeune maman, qui a pondu sa pisseuse depuis deux jours environ, s’y trouve déjà.
On me transfère dans mon lit, avec ma perfusion et ma jolie poche à pipi, et on met le berceau du BN à côté de moi. La pisseuse d’à côté pleure, heureusement mon BN est imperturbable et il continue à dormir comme un bienheureux. Monsieur B. me tient encore compagnie un petit moment puis il rentre chez nous se remettre de ses émotions.
Il est tard, Mini BN est amené à la nurserie pour la nuit: ils doivent le surveiller à cause du diabète gestationnel et il faut que je me repose. Et puis il faut être honnête, je ne peux pas bouger, je suis encore dans les vapes; bref je ne sers à rien…
Je m’installe donc confortablement dans mon lit … non je déconne ! Je suis donc assise dans mon lit (en fait je n’ai pas changé de position depuis qu’on m’y a transféré) et j’essaye de m’assoupir; mais pisseuse en a décidé autrement et décide de hurler toute la nuit. C’est donc un défilé de sage femmes et de puéricultrices qui passent devant moi. Je suis tellement crevée qu’elles ont droit à chaque fois à mon sourire ahuri, du genre « nan mais c’est pas grave, je dormirais mieux demain « .
L’effet des médicaments et autres substances s’étant dissipé, mon sourire à disparu dès le lendemain matin. J’ai passé une nuit de merde, j’ai mal, je ne peux toujours pas bouger. Le premier bain de mon fils s’est fait sans moi, ni Monsieur B. ; et je ne peux même pas m’occuper de lui. La pisseuse pleure toujours, ma compassion de jeune maman s’est envolée … j’ai juste envie de les faire passer par la fenêtre. Heureusement mon BN est à coté de moi et ne semble toujours pas perturbé par les cris : « Ah ben ma fille elle était comme ça le premier jour aussi » me dit l’autre maman d’un air crispé. Ça doit être ça la solidarité féminine …
Heureusement l’après midi même on me trouve une chambre individuelle (j’ai quand même eu le temps de me frapper toute sa famille). On m’aide à me lever et c’est d’un pas léger, accroché à ma perf’ et trainant derrière moi ma poche à pipi, que je me dirige vers mon antre de paix. Je me dit que finalement la cicatrice ne fait pas si mal que ça … c’est parce que je ne savais pas qu’à ce moment là j’avais encore de vrais anti-douleurs.
C’est la deuxième nuit à la maternité, Mini BN repart à la nurserie. Si tout va bien on m’enlèvera tout mes « branchements » le lendemain; je pourrais me lever, me laver et enfiler autre chose que la magnifique blouse avec aération à l’arrière de la clinique. Toujours assise, je somnole tant bien que mal, il faut que je sois en forme pour m’occuper de mon bébé.
Lundi matin (l’empereur, sa femme ♪), je peux enfin me lever. On m’aide, on m’installe une chaise dans la salle de bain pour que je puisse me préparer. J’ai mal, on me donne des doliprane. Monsieur B arrive, on va donner le bain à Mini BN. Telle grand-mère Yeta, je me dirige vers la nursery … je vais devoir rester assise et regarder de loin, je n’arrive pas à tenir debout. Heureusement le BN a un papa en or, c’est lui qui va s’en occuper car j’en suis encore incapable.

 Moi après ma césarienne
Troisième nuit à la maternité: ma première avec mon bébé ! J’espère que je vais être à la hauteur, j’espère que je vais pouvoir bouger sans pleurer de douleur, que je ne vais pas faire de malaise. Elle se passera plutôt pas mal, par rapport aux suivantes.

Les journées se passent bien, Monsieur B. est avec nous, j’ai des visites, cela passe relativement rapidement. L’équipe est sympa, elles sont à l’écoute et présente si besoin. On gère notre petit truc de notre côté, on se débrouille tout seul, on ne veut pas déranger pour rien. Le Mini BN est plutôt facile : il mange bien, dort bien, pleure peu. Par contre j’ai toujours très mal, les doliprane ne me soulagent pas !* En même temps ça ne soulage même pas une rage de dent ce truc* …. En plus j’ai fait un malaise à cause du médicament qui sert à stopper la montée de lait. J’appréhende la nuit.

Monsieur B. me fait promettre de sonner si ça ne va pas. J’ai un gros défaut (comme je l’ai dit plus haut) je n’aime pas déranger pour rien, ou plutôt je n’ose pas demander de l’aide, à qui que ce soit. Ou alors il faut vraiment que j’agonise/que je soit au bout du rouleau… mais je promet quand même.

Ce soir là, quand il me quitte je me sens horriblement seule, j’angoisse. Je n’arrive toujours pas à dormir, je suis encore obligé de somnoler assise: je suis fatiguée et les nuits sont longues. Ce soir la mon BN a décidé de faire la java, il pleure et je ne sais pas pourquoi. Tant bien que mal je vais marcher pour essayer de l’endormir, rien ne marche, je suis sur le nerfs, je pleure. Je lui explique que ce n’est pas à cause de lui, mais je ne sais pas ce qu’il a , j’ai peur qu’il ai mal quelque part … vers 2heures et demi du matin je sonne. Le temps que quelqu’un arrive je commence à me sentir mal, je refais un malaise. Je l’explique à la puéricultrice et elle l’amène à la nurserie. Je sens bien que ça la fait chier, le « et comment vous allez faire quand vous serez chez vous ?  » n’est pas loin, mais tant pis j’ai peur de le faire tomber /de faire une bêtise.

Une fois la porte fermée je pleure de nouveau, j’ai l’impression d’être une mauvaise mère, d’abandonner mon bébé. Sa réaction n’a rien arrangé, je me sens nulle. C’est donc les larmes aux yeux que je m’assoupis … pas longtemps, puisque seulement deux heures après ma porte s’ouvre :  » je vous ramène votre fils pour le biberon, j’ai d’autres bébé à m’occuper! «  Elle me demande si je vais me lever pour le changer, je n’y arrive pas, elle le fait et le remet dans son berceau. La journée va encore être longue.

Le soir suivant, quand Monsieur B. me dit qu’il est temps pour lui de rentrer, je fond en larmes. Je fais une crise d’angoisse, je ne supporte plus le silence de la maternité la nuit, je suis épuisée.* Enfin quand je parle de silence, c’est sans compter les cris étrange que j’entends de temps en temps … il m’a fallut deux jours pour percuter que j’étais au dessus des salles d’accouchements.* Cette nuit là sera pareil que la précédente, Mini BN qui pleure et qui ne veut pas dormir. Je marche, je le met sur moi, rien n’y fait. Mes yeux se ferment tout seul, j’ai vraiment peur de m’endormir sans m’en rendre compte, cette sensation est horrible. Vers trois heures du matin je craque de nouveau, je me sens une fois de plus pas à la hauteur, j’ai besoin d’aide, au moins d’une parole réconfortante, je sonne.

Forcément, le temps que quelqu’un arrive ce fourbe de gosse s’est assoupi … à croire qu’il le fait exprès ! Quand j’explique à la puéricultrice qu’il ne fait que pleurer (crédibilité zéro) et qu’il a peut être quelque chose , elle le regarde et me dit : « Oh ben il est tout rose ce bébé, il va bien, on ne va pas le déranger pour rien « . Et elle s’en va.

Dès fois je me dit que j’ai du la rêver cette scène, ou que j’ai eu une hallucination à cause de la fatigue. Quoiqu’il en soit, je me retrouve une fois de plus seule et je me sens plus nulle que jamais.

Les soirs suivants, pour que je me sente moins « abandonnée » , mon mari m’a apporté un ordinateur. Du coup j’étais un peu moins angoissé et j’ai mieux géré les nuits. Je n’avais quand même qu’une hâte: rentrer chez moi pour me reposer et pour me sentir enfin dans un lieu réconfortant !  

Tiens d’ailleurs, le prochain que j’entends dire : « Oh surtout profite de la maternité pour te reposer  « , c’est ma main dans sa gueule.

Quant au reste, ils n’ont jamais voulu me donner autre chose que des doliprane, j’ai donc souffert jusqu’à la fin de mon séjour (et même après en fait, mais au moins j’étais chez moi). Je vous passe aussi la sage femme psychopathe qui avait décrété que je n’avais pas l’air épanouie et qui me harcelait pour savoir pourquoi … 

Bref, je n’en garde pas un super souvenir, surtout des nuits. J’ai eu l’impression de passer dans une dimension parallèle dès le soir arrivé, tellement la différence de comportement entre les équipes était importante. Les derniers jours, rien que de les voir pousser la porte de ma chambre pour m’apporter les biberons, j’avais envie de leur enfiler un par un là où je pense.

Mais je pense que c’est en partie de ma faute, je suis trop gentille. J’aurais du, comme les autres, faire ma « chieuse », trainer dans les couloirs et m’imposer. Pour bébé deux, ça sera très différent.