Maintenant que je t’ai raconté mon accouchement, ma césarienne, ben je vais te raconter mon séjour à la maternité; et c’est pas triste.
Les journées se passent bien, Monsieur B. est avec nous, j’ai des visites, cela passe relativement rapidement. L’équipe est sympa, elles sont à l’écoute et présente si besoin. On gère notre petit truc de notre côté, on se débrouille tout seul, on ne veut pas déranger pour rien. Le Mini BN est plutôt facile : il mange bien, dort bien, pleure peu. Par contre j’ai toujours très mal, les doliprane ne me soulagent pas !* En même temps ça ne soulage même pas une rage de dent ce truc* …. En plus j’ai fait un malaise à cause du médicament qui sert à stopper la montée de lait. J’appréhende la nuit.
Monsieur B. me fait promettre de sonner si ça ne va pas. J’ai un gros défaut (comme je l’ai dit plus haut) je n’aime pas déranger pour rien, ou plutôt je n’ose pas demander de l’aide, à qui que ce soit. Ou alors il faut vraiment que j’agonise/que je soit au bout du rouleau… mais je promet quand même.
Ce soir là, quand il me quitte je me sens horriblement seule, j’angoisse. Je n’arrive toujours pas à dormir, je suis encore obligé de somnoler assise: je suis fatiguée et les nuits sont longues. Ce soir la mon BN a décidé de faire la java, il pleure et je ne sais pas pourquoi. Tant bien que mal je vais marcher pour essayer de l’endormir, rien ne marche, je suis sur le nerfs, je pleure. Je lui explique que ce n’est pas à cause de lui, mais je ne sais pas ce qu’il a , j’ai peur qu’il ai mal quelque part … vers 2heures et demi du matin je sonne. Le temps que quelqu’un arrive je commence à me sentir mal, je refais un malaise. Je l’explique à la puéricultrice et elle l’amène à la nurserie. Je sens bien que ça la fait chier, le « et comment vous allez faire quand vous serez chez vous ? » n’est pas loin, mais tant pis j’ai peur de le faire tomber /de faire une bêtise.
Une fois la porte fermée je pleure de nouveau, j’ai l’impression d’être une mauvaise mère, d’abandonner mon bébé. Sa réaction n’a rien arrangé, je me sens nulle. C’est donc les larmes aux yeux que je m’assoupis … pas longtemps, puisque seulement deux heures après ma porte s’ouvre : » je vous ramène votre fils pour le biberon, j’ai d’autres bébé à m’occuper! « Elle me demande si je vais me lever pour le changer, je n’y arrive pas, elle le fait et le remet dans son berceau. La journée va encore être longue.
Le soir suivant, quand Monsieur B. me dit qu’il est temps pour lui de rentrer, je fond en larmes. Je fais une crise d’angoisse, je ne supporte plus le silence de la maternité la nuit, je suis épuisée.* Enfin quand je parle de silence, c’est sans compter les cris étrange que j’entends de temps en temps … il m’a fallut deux jours pour percuter que j’étais au dessus des salles d’accouchements.* Cette nuit là sera pareil que la précédente, Mini BN qui pleure et qui ne veut pas dormir. Je marche, je le met sur moi, rien n’y fait. Mes yeux se ferment tout seul, j’ai vraiment peur de m’endormir sans m’en rendre compte, cette sensation est horrible. Vers trois heures du matin je craque de nouveau, je me sens une fois de plus pas à la hauteur, j’ai besoin d’aide, au moins d’une parole réconfortante, je sonne.
Forcément, le temps que quelqu’un arrive ce fourbe de gosse s’est assoupi … à croire qu’il le fait exprès ! Quand j’explique à la puéricultrice qu’il ne fait que pleurer (crédibilité zéro) et qu’il a peut être quelque chose , elle le regarde et me dit : « Oh ben il est tout rose ce bébé, il va bien, on ne va pas le déranger pour rien « . Et elle s’en va.
Dès fois je me dit que j’ai du la rêver cette scène, ou que j’ai eu une hallucination à cause de la fatigue. Quoiqu’il en soit, je me retrouve une fois de plus seule et je me sens plus nulle que jamais.
Les soirs suivants, pour que je me sente moins « abandonnée » , mon mari m’a apporté un ordinateur. Du coup j’étais un peu moins angoissé et j’ai mieux géré les nuits. Je n’avais quand même qu’une hâte: rentrer chez moi pour me reposer et pour me sentir enfin dans un lieu réconfortant !
Tiens d’ailleurs, le prochain que j’entends dire : « Oh surtout profite de la maternité pour te reposer « , c’est ma main dans sa gueule.
Quant au reste, ils n’ont jamais voulu me donner autre chose que des doliprane, j’ai donc souffert jusqu’à la fin de mon séjour (et même après en fait, mais au moins j’étais chez moi). Je vous passe aussi la sage femme psychopathe qui avait décrété que je n’avais pas l’air épanouie et qui me harcelait pour savoir pourquoi …
Bref, je n’en garde pas un super souvenir, surtout des nuits. J’ai eu l’impression de passer dans une dimension parallèle dès le soir arrivé, tellement la différence de comportement entre les équipes était importante. Les derniers jours, rien que de les voir pousser la porte de ma chambre pour m’apporter les biberons, j’avais envie de leur enfiler un par un là où je pense.
Mais je pense que c’est en partie de ma faute, je suis trop gentille. J’aurais du, comme les autres, faire ma « chieuse », trainer dans les couloirs et m’imposer. Pour bébé deux, ça sera très différent.