Quand j’ai appris ma grossesse, je commençais un stage à la CCI: j’avais un projet, de la motivation et quelques économies pour me lancer. Le « temps » à tué le premier ; mes vomissements la seconde et les couches, le lait et le reste, les troisièmes.

Qu’à cela ne tienne ! Je met mon projet en suspend , je le ponds, je le met à la crèche et  je « retrouve un boulot ». C’était très clair dans ma tête, je ne voulais pas être « femme au foyer ».

Oui, mais ce n’est pas si simple.

Le premier problème qui s’est posé : faire garder le gnome. Les places en crèches sont chères; et quand tu n’as pas de job, il n’est pas prioritaire et est (généralement) placé sur liste d’attente.

Du coup ça te facilite vachement les choses pour effectuer tes démarches. Parce que c’est bien connu que de se présenter à un entretien d’embauche avec sa progéniture sous le bras, c’est bien vu. Et puis si tu décroches enfin le CDI de tes rêves, tu fais quoi ? Tu le cale dans son transat avec un bib’ à portée de lèvres et une serviette éponge sous le cul? 8 heures tout seul, ce n’est pas la mort après tout ; et puis il faut leur apprendre à être autonome.

Reste la « nounou ». Le calcul a vite été fait pour nous : pas rentable. Résultat: reprise du boulot compromise; je deviens femme au foyer, mais seulement le temps qu’il est une place …

C’est là qu’arrive le problème numéro 2 : je me suis attachée. Faut dire qu’il était mignon le Mini BN, alors j’ai craqué, je suis tombée amoureuse. Et puis j’ai trouvé que 3 mois c’était vachement trop tôt pour le laisser à des étrangers … à 4 mois il était encore petit, finalement …

Et puis c’est vache, parce que les premiers mois il ne fait que manger et dormir … et quand il commence à vraiment te regarder, te sourire, à communiquer , tu es obligé de le faire garder ! J’ai commencé à apprécier nos moment à deux, de le voir évoluer, grandir ;  et puisque j’ai eu le choix , je n’ai plus eu envie que cela soit une étrangère qui me raconte ses journées, le soir, sur un pas de porte.

15 mois plus tard, retour à la case départ.

Mini BN est maintenant assez grand pour aller à la crèche; il a besoin de voir autre chose que ma gueule, de jouer avec des enfants, de se sociabiliser et de faire toutes les maladies infantiles. Et moi, j’ai besoin de reprendre une vie sociale, de mettre du beurre dans les épinards, et de retrouver mon indépendance.


Le problème n°1 n’est toujours pas réglé, mais ça me laisse du temps pour revoir mon CV, reprendre une apparence humaine, consulter les offres et postuler sans trop me mettre la pression. Par contre, le problème numéro trois va se poser : trouver un emploi quand on est une jeune mère.

Une fois le tri de base effectué parmi les petites annonces, il faut trouver celles dont les horaires conviennent à tout le monde, histoire qu’il y ai toujours quelqu’un pour récupérer le gnome. Ça limite déjà pas mal.

L’entretien décroché, son déroulement et dénouement va (souvent) dépendre de quelques petits mots écrit en haut du dit CV :

Célibataire: « pas de soucis« , on passe aux compétences.
Mariée : « elle va pas tarder à vouloir nous pondre un mioche » = congé mater/remplacement …
Mariée/Célibataire, des enfants : « il a quel âge ? 15 mois ? il va à la crèche, haaan c’est mignon ! » = maladies à répétitions, absences à répétitions, aménagement des horaires et risque qu’elle veuille nous pondre le second/troisième/quatrième dans la foulée …

C’est là qu’il va falloir que tu te vendes à mort : « Des enfants moi ? jamais ! je veux privilégier ma carrière avant tout » (testé et approuvé) ; « Un deuxième ? non je me suis fait ligaturé les trompes » … En cas de motivation extrême, tu peux toujours essayer de leur poser tes ovaires sur la table; ça doit faire son petit effet.

Et pour se vendre, il faut aussi reprendre confiance en sois.

Et oui, parce qu’en plus de tout ça il faudra aussi leur prouver que tu as encore des neurones et qu’après tant de temps passé à la maison, tu es encore capable d’exercer une activité professionnelle et intellectuelle. Pour ça tu vas devoir réapprendre à parler « l’adulte »: tu sais la langue que tu parlais « avant », quand tu ne côtoyais que des gens de ton âge !  

 Tu vas aussi devoir te remettre dans le bain. Fini Tchoupi et les livres en tissu de 5 pages; à toi les rapports, les bilans, les courriers, les dossiers à monter et j’en passe et des meilleures. Fini le jean et la tenue spéciale « je trainasse à la maison »; on ressort les tenues sobres et pro. Enfin ça, il va falloir en racheter, parce que les kilos de grossesse se sont incrustés.

Bref, quand je pense qu’avant je trouvais ça galère ! 

 C’était rien à côté de maintenant … Et encore il y a des choses que je ne peux qu’imaginer : l’organisation qu’il faut mettre en place, gérer les imprévu et les maladies, survivre aux nuits de merde. Enfin, encore faut-il le décrocher ce boulot ! Parce qu’on est bien d’accord qu’à compétences égales, ils prendront celui qui est libre de tout engagement ? non ?

On parle souvent de discrimination à l’embauche pour certains type de personnes, mais les mères ne sont pas mieux loties finalement… Dès fois je me dis que j’aurais peut-être du garder mon job misérablement payé.

Je pourrais encore écrire des pages là dessus, peut être dans un autre billet. Et vous les working mum, comment ça s’est passé pour vous ?