Il y a quelques semaines, j’ai testé les services d’une femme de ménage. Le soir, alors que nous étions à table et que nous en discutions, mon mari m’a sortit une phrase qui me laisse encore un goût amer :
– « Quel métier ingrat; faire le ménage toute la journée, c’est pas facile … »
Le reste de la conversation, je ne m’en souviens plus très bien; car en prononçant ces quelques mots c’est comme s’il m’avait giflé.
Je suis mère au foyer depuis maintenant deux ans et demi. Pas vraiment par choix, et depuis plus longtemps que je ne l’aurais souhaité. Je m’occupe de mon fils seule, toute la journée; je range, nettoie et lave vingt fois par jours.
Monsieur B., ne fait quasiment rien (en dehors de son travail, bien évidement). Le soir ou le week-end, si je le lui demande, il va faire à manger, mettre la table, débarrasser (à moitié) ou coucher son fils; point.
Le reste sur temps, après ma journée ô combien gratifiante, il faut que je prenne le bain, fasse à manger, mette la table et débarrasse, fasse le « tampon » entre le fils excité et le père impatient … tout ça, avec le sourire et que je sois fatiguée ou pas.
Ce métier ingrat, je le fais tous les jours, sans horaires fixes et gratuitement. Et qui le vois ? qui me plains ? Personne. Parce que tout le monde trouve ça normal.
Pourtant on est bien deux à vivre ici et à avoir fait cet enfant. Ce que je lave, ramasse, range, repasse, nettoie, il les utilise également … alors pourquoi devrais-je être la seule à en prendre soin ? Parce que lui travaille ?
Bien sur, il essaye de faire des efforts (et il en à fait pas mal depuis que nous sommes ensemble) et quand il vient me dire qu’il à passé l’aspirateur ou vidé le lave vaisselles, quelle est ma première réaction: je lui dit merci … MERCI ! Pour quelque chose qui devrait couler de source, comme si c’était une faveur qu’il me faisait, un service qu’il me rendait. Est-ce qu’il me dit merci pour la bouffe posée tous les jours sur la table, pour l’aspirateur passé, le linge rangé, les chiottes récurés ?
La faute à notre éducation. Dans ma famille, l’Homme avait la place du chef en bout de table, il se servait en premier (parce qu’il travaillait), choisissait le programme télévisé, faisait à manger seulement le plaisir et s’occuper des enfants se résumait à jouer avec eux cinq minutes.
D’aussi loin que je me souvienne, cela m’a toujours rendue folle … mais m’a quand même conditionné. Il m’arrive même de culpabiliser quand je lui demande de faire une tâche ménagère, ou quand il fait à manger alors que je suis assise sur le canapé.
Burn Out
Ce qui était un défaut pénible quand nous n’étions que tous les deux, est maintenant une source de tensions et de « crises » depuis que notre fils est là. Je m’énerve souvent toute seule, mais il ne comprend pas pourquoi. Des chaussures qui traines, des assiettes pleins posées sur le rebord de l’évier et j’ai envie de tout casser.
Passer beaucoup de temps à la maison, avec un bébé, sans conversation d’adulte; faire toujours les mêmes choses par manque de temps et de moyen; ne pas trouver assez de temps pour sois … Des tâches répétitives et sans intérêt et pourtant indispensables … Je me sens comme Sysiphe condamné à pousser son rocher éternellement.
Rajoutez à ça le manque de reconnaissance, d’aide et de respect et vous avez un combo gagnant !
Bref, malgré nos nombreuses conversations il ne se rend pas compte de l’ampleur de mon épuisement (mental, pas physique).
La loi du silence ?
Quand j’en discute sur le net ou avec des amies, j’ai toujours l’impression d’être la seule dans ce cas. D’ailleurs, et je pense que cela ne va pas louper, tous les commentaires (ou presque) seront composés de témoignages de femmes comblées qui ont une perle à la maison ! Et les autres ?
C’est tellement à la mode, l’égalité dans la répartition des tâches ménagères et les « nouveaux papas » … ça ne se fait tellement pas, en 2013, d’avoir un homme qui ne fait quasi rien; que du coup personne n’ose parler.
Ça me rappelle les non-dit sur la maternité; le syndrome du « Tu vas voir, c’est que du bonheur ! »
Pourtant ce n’est pas honteux, ça ne fait pas d’eux des mauvais hommes ou des connards finis, c’est juste une mentalité à faire évoluer et une éducation à refaire ! Il n’y a pas de trucs d’homme ou de femme; on est deux on fait les choses à deux ! Après chacun s’organise comme il veut; mais il faut que cela soit équitable.
Et quand j’aurais un travail ?
Je ne pense pas que son comportement changera beaucoup; par contre je serais peut-être plus sereine … tout aussi fatiguée, mais ce sera différent. Je vivrais un peu plus pour moi ! Enfin j’espère … parce que si l’on en croit l’étude « Mamans Travaille » ce n’est pas plus glorieux du côté des mères actives :
• 67% des mères qui travaillent dorment moins de 7 heures par nuit, alors que les médecins recommandent 7 à 8 heures au moins, 41% des pères dorment plus de 7 heures par nuit. 9% des pères dorment plus de 10 heures par nuit, contre… 0% des mères.
• 63% des mères qui travaillent sont épuisées. 19% des mères qui travaillent prennent au moins une fois
par semaine des médicaments, vitamines, calmants pour tenir.
• 79% des mères qui travaillent renoncent régulièrement à prendre soin d’elles par manque de
temps. 37% ont déjà renoncé à se soigner ou annulé un rendez-vous médical faute de temps, 1 mère sur 5 saute des repas faute de temps, 62% des mères renoncent à prendre du temps pour leur couple, 46% des mères qui travaillent ont déjà renoncé à un projet personnel faute de temps.
• Dans 55% des cas, c’est la mère qui est seule responsable de la vie scolaire (réunions de parents,
kermesse…) en sus de sa vie professionnelle.
• 93% des mères qui travaillent contactent leur conjoint depuis leur lieu de travail.
• 62% des mères actives font ou prévoient leurs courses sur leur lieu de travail.
Mais sinon, tout va bien …
Et chez vous ? ça se passe comment ? (la vérité)
C’était mon coup de gueule du lundi