Au commencement …
On va dire que ça avait plutôt bien commencé. Deux parents qui s’aiment, un enfant qui nait … trop tôt. Un enfant qui part en couveuse et qui reste un mois éloigné de sa mère …
*On rembobine*
On va dire que ç’était déjà un peu compliqué, et que ça annonçait pas trop mal ce qui allait suivre. Deux parents qui s’aiment, un enfant qui naît et qui grandit.
Puis les parents s’aiment moins, l’un d’entre eux à du mal à gérer ses émotions, la vie de famille qui devient compliquée. Des proches qui meurent, trop tôt, trop souvent. Le père Noël qui n’existe pas et avec lui la magie, l’espoir de quelque chose de différent, qui s’en va *.
La vie de famille est de plus en plus compliquée, la pré adolescence et l’adolescence n’en sont que plus difficile, la scolarité aussi. C’est l’enfermement, les questionnement, les remises en question et, souvent, une foi vacillante en l’avenir. Il y a toujours des proches qui meurent et c’est émotionnellement compliqué.
Il n’y a plus de vie de famille depuis longtemps, on le tolère tout juste et on espère l’éclatement. La scolarité est quasi chaotique, la confiance en soit quasi inexistante. L’enfermement, encore, physique comme psychologique. L’impression de ne pas avoir la vie que l’on devrait avoir, l’adolescence que l’on mérite de vivre. L’impression de passer à côté de quelques chose.
Puis vient l’éclatement ! Un peu de répit, un début de vie et l’impression de respirer enfin ! L’impression que les poumons se gonflent et se remplissent, tout comme les vides. Les manques se comblent et petit à petit, c’est la transformation.
Et puis la mort, encore. Deux fois à 6 mois d’intervalle. La colère, le questionnement mais aussi le soulagement … et de ce fait, la culpabilité. Et finalement la délivrance.
Etant donné mon grand âge, je pourrais continuer comme ça encore un ou deux paragraphes, mais je pense que ce n’est pas la peine ! Tu as bien compris le principe ?
Comment je vois ma vie
Si certains commencent leur vie tel un bébé loutre endormi sur un matelas de plumes, j’ai l’impression d’avoir commencé la mienne comme une souris bordée sur un tas de Lego. Si certains passent leur adolescence comme un fil dans du beurre, j’ai plutôt l’impression d’avoir attaqué la mienne à la pioche et au burin. Quand à ma vie de jeune et presque vieille adulte, je pense que j’en suis arrivée à attaquer les murs à la petite cuillère.
Mais attention ! Elle est costaud ma petite cuillère ! C’est une cuillère de warrior en vibranium !
Ma vie c’est les montagnes russes, c’est l’ascenseur émotionnel permanent, c’est la lutte (non pas finale) mais quasi constante. C’est des murs mouvants qui sortent de terre sans prévenir et se dressent, là, tels des géant indestructibles.
J’ai souvent l’impression d’être une enfant devant un obstacle (quand tu sais que je fais 1m55, ça prend tout son sens) … et comme les gosses, j’attrape, je grimpe, je tombe, je recommence et j’y arrive. Et si je n’y arrive pas ? Et bien c’est qu’il ne fallait pas passer par là, pas faire comme ça …
J’ai des hauts qui vont très haut et des bas qui vont très bas. Et ces très bas sont importants.
Oui, parce que je me paye le luxe de pouvoir aller très mal. Je n’occulte pas la douleur et les sentiments négatifs, je les laisse m’envahir, je plonge dedans comme je plongerais dans un gouffre profond et effrayant.
Je sais qu’au fond, quand j’arriverais à le toucher, ça va faire mal. Mais je l’accepte. Cette douleur, ce mal être, cette déception, cette colère, ce sentiment quel qu’il soit quand il arrive, fait partie de moi.
Je l’écoute, je l’assimile, je le dompte et il fini par s’estomper. Il en reste tout de même un petit bout en moi, ce petit bout dont je vais me servir pour grandir (malheureusement pas en taille), pour apprendre et pour avancer.
Ces petits bouts laissent aussi des blessures, mais heureusement, les rencontres et les évènements heureux de la vie les atténuent.
Est-ce que j’ai peur de ne pas remonter ? non jamais. La seule fois que j’ai touché le fond du fond, que je me suis éteinte, c’est parce que je ne m’étais pas écouté et parce que j’avais voulu me voiler la face.
Je suis quelqu’un de chanceux
On m’a demandé un jour, si je me sentais chanceuse ? et j’ai répondu oui.
Je suis chanceuse parce qu’entre toutes ces lignes , celles qui parlent d’évènements durs, compliqués, tristes … s’intercalent des moments de pur bonheur, de complicité, d’entraide, d’amitié, d’amour et de joie.
Parce que ces moments ont façonnés ma vie et mon caractère et que je ne me changerai pour rien au monde. #modeste
Je suis aimée, appréciée, je compte pour d’autres être vivants et j essaye de ne jamais l’oublier (quel que soit mon état d’esprit de l’instant). Et dans les moments de solitude, dans les moments où je suis seule face à moi même – les plus terribles, on est d’accord là dessus – je me sent guidée et aimée.
Pourquoi ? Parce que je n’attends pas que mon bonheur vienne des autres. Enfin j’essaye, le plus possible, de m’aimer et d’être sentimentalement autonome (c’est moche mais c’est ça). De ne pas attendre des autres des choses que je ne dois attendre que de moi-même. D’ailleurs c’est quand j’ai commencé à m’aimer et à m’affirmer, à savoir ce que je voulais et ce que je ne voulais plus accepter, que j’ai fait ma plus belle rencontre amoureuse.
Je fais aussi confiance à la vie. C’est pas toujours évident, mais lâcher prise et vivre le moment présent, ça aide à passer de bien meilleures journées. Un grand sage avec une belle gueule et un beau [non vous n’êtes pas prêts pour ça] ; m’a rappelé il y a peu que cela ne sert à rien de se stresser pour des choses qui n’étaient pas encore arrivées. Et c’est tellement vrai.
Alors je continue d’avancer, en m’émerveillant des moments de joie, de ce qui m’entoure, en profitant des gens que j’aime. Je vais continuer à gérer les bas et les très bas (en espérant qu’ils soient maintenant plus rares).
Une chose est sure, j’irai jusqu’au bout quoiqu’il arrive.
Et toi, comment tu vois ta vie ?
Aujourd’hui j’étais dans ma voiture et je pensais à tout ça, à comment je voyais ma vie, comment vous voyez votre vie. Est-ce que vous vous estimez privilégiés ? pas du tout ? Est-ce que vous avez l’impression de vous battre tout le temps ou bien de surfer sur une vague de facilité ?
Je suis curieuse, alors raconte moi comment tu vois ta vie ?
* Ne rigolez pas, mais apprendre que le père noël n’existait pas, ça à été un vrai traumatisme !